JP Racca Vammerisse

Photo © JMS / JP RACCA-VAMMERISSE
JP RACCA-VAMMERISSE / Photo © JMS

Prolongée jusqu'au 21 novembre, l’exposition Soirs de bataille, nuits de captivité procure un grand moment d’émotion. Allez y si vous ne l’avez pas encore déjà fait. Elle marque une étape importante dans l’évolution de ce jeune artiste de 29 ans, talentueux et capable de développer des univers très différents à chaque réalisation. JP Racca Vammerisse enrichit la matière, le plus souvent de la faïence, d'une puissance expressive qui n'appartient qu'à lui. Au delà du travail de la matière, il a cette capacité à nous faire partager sa vision du monde, ses ressentis.
Au cœur de l'exposition, située dans l'ancien grand four à bois de la poterie Madoura, une installation N'aura pas lieu... donne à voir 12 pièces en faïence, autant d'éléments d’une hydre terrassée, déchiquetée dont il reste les quatre pattes au milieu de formes hybrides mi gueules acérées et carnassières mi entrailles. Présentées sur une table carbonisée reposant sur un lit de charbon, cet ensemble évoque, les tourments de notre époque et ces monstres qui nous menacent : la colère, la haine, le rejet de l'autre, ... Lors des tragiques événements de novembre dernier, l'artiste en résidence à Moly-Sabata-fondation Albert Gleizes a initié ce travail, cette réflexion. Le modelage, à l'aspect volontairement tourmenté, contraste avec l’émail blanc brillant, presque précieux, qui recouvre la faïence. Les camaïeu de brun et de jaune finissent de donner une force, une puissance étonnantes à ces formes aux allures d'entrailles.

L’exposition présente trois autres ensembles :

- L'installation SPEOS ( du grec speos signifiant caverne ) dont une précédente version avaient été présentée à la galerie accroTerre, (Paris, 2015). Ce travail explore la richesse du monde souterrain par des sculptures qui sont comme remontées à la surface, émergeant d'un liquide laiteux.
- Les Nœuds votifs, convoquent une ancienne tradition païenne belge, les clous votifs. À travers ces entrelacs l'artiste propose des objets de croyance à l'émail monochrome et miroitant aux frontières du religieux et de l'esthétique « gothique » contemporaine.
- La vie secrète des Tavan-Mardoux détourne le vocabulaire du cabinet de curiosité pour mettre en scène diverses tranche de vie de scarabées, où métaphore de la céramique, la boue devient or...

Speos - vue d'ensemble / Photo © JMS
Speos - vue d'ensemble / Photo © JMS
Speos détail / Photo © JMS
Speos détail / Photo © JMS
N'aura pas lieu détail / Photo © CG
N'aura pas lieu détail / Photo © CG

Le texte d'Yves Peltier sur l'exposition

Retour

Ajouter un commentaire

Commentaire de Parisi Salvatore | 15.11.2016

BONJOUR,

De la "vaticanisation" néologisme, théologisme au "Pape des escargots".
Je me réjouis d'apprendre qu' Henry Vincenot n'est pas si inconnu, cela démontre malgré tout que la vague "bling bling" n'envahit pas facilement une majorité silencieuse, discrète, cultivée et sensée.

La mayonnaise prend t-elle? Les ingrédients d'une recette précise sont-ils réunis, en manque t-il? C'est à dire qu'il faudrait l'avis d'un céramiste, d'un (e) critique, voire même de l'auteur du texte et sujet initial.
Dans mon précédent message j'ai oublié de noter le nom des céramistes Ben Lisa, N Crestou, R Deblander, Fouilloux, Lambercy, Le Gentil dont les textes paraissent dans la RCV.
Feuilletant le catalogue de l'exposition "Matières à réflexion" du 17 mars au 17 juin 2012 Nançay, Sophie et Gérard Capazza par leur trace y donnèrent la parole écrite exprimée avec facilité dans leur domaine de prédilection respectif aux céramistes, graveurs, peintres, photographes, sculpteurs, verriers tels que A Annen, JG Badaire, P Balme, A Bouillot, E Bonte, F Carrasco, C Champy, J Coville, B Dejonghe, E Delsol, C Fabre, V Fassbaender, G Fournier, Jani, G Jeanclos, Laure et Sarah, A Le Mauff, A Larpent, A Leperlier, J Lerat, C Mollard, I Monod, S Nagazawa, M Negreanu, A Praudel, JP Van Lith et moi-même.
Autre exemple intelligent, Pascale Nobécourt rédige souvent dans ses articles de la RCV des dialogues, avec les artistes proposés, sous forme de questions-réponses dans lesquelles les deux sensibilités et acquis se rencontrent en complémentarité.

Actuellement me semble t-il le débat n'est plus formel, l'interrogation n'a plus besoin de se situer au niveau de la considération esthétique, de la recherche, interrogation et exploration plastique en priorité. Notre époque pleine à profusion d'informations (est-ce une richesse ?) sature notre raisonnement, notre pensée est devenue obèse, baroque, kitch, obscure dans laquelle les repères basiques sont galvaudés. Là est le débat, Là est le dialogue ! Ce sont des "appâts-rances".

On n'arrête pas l' Écho, on n'arrête pas l'Égo!
50 ans auparavant, nous avions le temps de débattre, sentir, digérer, confirmer une information, est-ce fini? Informations- désinformations occupent notre spectacle quotidien. Guerre médiatique. Lobotomisations?
La mesure du temps était autre. Garçon de ferme dans ma jeunesse en Lorraine je me rappelle qu'en plus de la production agricole, on plantait aussi par plaisir d'observation et transmission, sans forcément la couper, ni la revendre, une graine (non transgénique) croissant lentement, plante ou fleur (parfumée) se reproduisait silencieusement par elle même suivant sa propre nature.
Maintenant par profit rapide et plaisir immédiat les personnes s'oublient dans l'attente des prochaines acquisitions en opposition à la patience, l'écoute, l'ascèse volontaire réduite à quelques paramètres précis, choisis comme dans la démarche scientifique, qui nous apporte des résultats, connaissances et découvertes sur nous-même à l'infini. Yoga mental, accès à l'infiniment petit et grand.

Ne nous laissons pas "Trumper" par les "appâts-rances" dépassées telles qu'elles soient, investies dans plusieurs domaines du quotidien.
L' A16 n'est pas une nouvelle chaîne télévisée, autoroute de l'information ni autoroute goudronnée.
Comme l'annonce Michel Meymet, c'est un fait que la céramique, résultat des 4 éléments, est un moyen remarquable de dialogue social, nous permettant une écologie des relations humaines.

À BIENTÔT
Salvatore Parisi
Céramiste
Nice le 15 novembre 2016

Commentaire de Michel Meynet | 12.11.2016

Allo allo, ici la succursale lyonnaise du Vatican !! Entre amateurs de céramiques et lecteurs de Vincenot on devrait pouvoir communiquer !! D'abord je partage sans réserve quelques affirmations notamment celle qui estime infondée la hiérarchie mettant les intellectuels au dessus des manuels alors que notre bas monde a évidemment besoin des deux. De même l'interrogation du début sur le caractère plus ou moins nécessaire du matériau céramique pour telle ou telle type d'oeuvre me parait tout à fait pertinente et merci à JPR-V de continuer à utiliser ce vieux matériau traditionnel qui permet de faire largement aussi bien que tous les autres matériaux réputés modernes et souvent beaucoup mieux. D'ailleurs avec d'autres membres du club nous avons trouvé intéressant le travail de JPR-V depuis ses débuts et avons acheté ce qui n'allait pas vraiment de soi vu qu'au début il n'y avait pas grand monde pour écrire sur son travail, ni en mal ni en bien d'ailleurs, il a débuté comme tout le monde ou presque , c'est à dire comme un inconnu qui cherche à se faire connaitre...
J'en arrive donc , en vaticaniste patenté, à la raison de mon billet, je ne suis pas d'accord avec la salve de chevrotine tirée sur les scribes et autres curateurs qui en somme priveraient de parole les artistes, d'accord c'est pas écrit comme ça mais ça revient au même et si je simplifie trop , il faut me le dire. Ce que j'affirme c'est que nous manquons cruellement de scribes non céramistes sachant parler justement de la céramique, ce qui est très difficile. Il y a, chacun les connait mais c'était très bien de rappeler leurs noms, des céramistes sachant écrire et même éditer, et les collectionneurs devraient tous avoir dans leurs bibliothèques des livres de potier, j'ai débuté avec le bouquin de Leach que Sarver, un ancien céramiste, m'avait conseillé et j'ai été vraiment accro après avoir lu les huit potiers édité par Camille et le livre d'Antoinette, heureusement qu'il y a eu des scribes comme elle pour faire connaitre au grand public des travailleurs manuels condamnés à la mutité...je m'arrête, au fond je pense qu'on est au moins d'accord sur le fait que la céramique est un irremplaçable moyen de dialogue!
Bien amicalement, Michel de Lyon

Commentaire de PARISI Salvatore | 10.11.2016

Bonjour,

Pour avoir vu et revu, l'exposition vallaurienne de l'artiste Racca-Vammerisse chez Madoura ( lieu d'art , d'histoire et de création ... ) exprimée en terre cuite émaillée finalisée par le feu, je pense qu'elle se situe dans la filiation artistique du "Cri", œuvre picturale du peintre norvégien Edward Munch.
Comme toujours dans ce type d'installation, je me demande pourquoi l'artiste a choisi le médium céramique, alors qu'à mon avis elle aurait pu être interprétée en béton, métal, fil de fer, carton, papier mâché, résine, plumes, chiffons, peluches ... ou autres matières.

Le texte de présentation, bien qu'explicite, accompagnant l'œuvre me laisse sur ma faim. Sans mettre en cause l'auteur, j'aurais aimé au moins y trouver une citation du créateur relatant sa pensée, sa philosophie, sa pratique, son choix du métier de céramiste.
Je me demande pourquoi et depuis toujours ne laisse t-on pas la parole entière à l'artisan d'une telle manifestation? Pourquoi le besoin d'une tierce personne ( cur-actor ) extérieure, spectatrice, critique, doit-elle cautionner son travail, donner sa bénédiction, valoriser et écrire à sa place d'une manière souvent monolithique?
Je connais certains céramistes sachant parler et se passer d'un scribe, dont Dejonghe, Girel, Goderidge, Kauffman, Montmolin, Pontoreau, Van Lith, Virot, ... qui savent apporter des anecdotes pratiques,réelles, vivantes, échanges humains vivants en plus de leur expérience et choix artistique.
J'appelle cela la " Vaticanisation ", élitisme de la pensée unique et stérile.

Depuis longtemps, cette dichotomie existante entre "manuel" et "intellectuel", cette persistance s'établit encore dans beaucoup de domaines et milieux sociaux professionnels. Prise de pouvoir, jugement de valeur accentué par l'autorité d'une personne formée, formatée en université, opposée à l'itinéraire de la pratique du terroir de l'homo-faber. Cela ramène à l'interrogation de la formation incomplète d'un diplômé universitaire qui devrait au moins ajouter à son cursus un parcours pratique complet appliqué au domaine futur du métier auquel il se consacrera, valorisé par un diplôme complémentaire. Exemple dans le domaine des arts, une formation complète aux beaux arts, pratique dessin, gravure, sculpture, peinture ...
À mon humble avis, une personne travaillant de ses mains est ni plus ni moins qu'un " intellec-truelle ", résultat de sa formation concrète et pensée confirmée par l'usage et le temps. Combien de diplômés chômeurs, alors qu'il y a beaucoup de postes non pourvus à cause d'une carence en formation d'apprentis !

La raison de ce billet illustre un parallèle avec le livre de l'auteur Henry Vincenot "Le pape des escargots" paru en 1980 chez Denoël éditeur. L'auteur fils de paysans équivalent d'un Jean Gionot régional de la Côte d'Or développe avec vivacité et antériorité dans ce roman comment les ingénieurs ont éclipsé à leur profit la pensée, le savoir et la connaissance des compagnons du devoir.
Je vous invite vivement à sa lecture.

Salvatore Parisi
Céramiste
Nice le 10 novembre 2016

Écrivez votre message ici