Barthélémy Toguo au Centre Pompidou

Toguo, Vaincre le virus
Toguo, Vaincre le virus
Toguo, Vaincre le virus
Toguo, Vaincre le virus
Toguo, Vaincre le virus
Toguo, Vaincre le virus

Barthélémy Toguo fait partie des quatre artistes sélectionnés pour le prix Marcel Duchamp 2016. Au final, le prix a été attribué à Kader Attia. Mais le Centre Pompidou expose les œuvres des quatre artistes sélectionnés. Cela nous permet de découvrir l’installation éblouissante de Barthélemy Toguo. L’artiste a utilisé des vases pour incarner son idée. Or le choix du vase en tant que contenant, exprime une des facettes du propos. « les vases symbolisent le rapport ambivalent à l’eau, purificatrice et régénératrice, mais aussi source de contamination quand elle est polluée ».
La dimension compte aussi. Ils mesurent deux mètres, juste un peu plus haut qu’un humain. On circule au milieu des vases comme au milieu d’une forêt ou d’une foule. Les vases, en porcelaine, ont été fabriqués en Chine à Jingdezhen, centre historique de la céramique chinoise où viennent aujourd’hui travailler des artistes du monde entier. Toguo y a séjourné trois semaines pour suivre la production de ces vases. Il a voulu ces dimensions altières qui sont aussi un hommage  « au courage, à l’énergie et à la beauté de la recherche ».

Le projet de Barthélémy Toguo porte sur les deux épidémies qui frappent le monde et tout particulièrement l’Afrique, le sida et du virus Ebola. Toguo a travaillé avec les chercheurs de l’institut Pasteur. Les dessins font référence aux virus et aux cellules malades qu’il a observés au microscope. On retrouve le vocabulaire plastique de Toguo, sa façon d’illustrer les rapports entre les hommes et la nature, entre le bien et le mal, contenu dans chacun de nous, comme dans la nature tantôt bienfaisante, tantôt menaçante. Les couleurs sont vives, pas sinistres du tout, plutôt joyeuses, beaucoup de rouges comme le sang, de bleus aussi plus tendres.

Barthélémy Toguo à Sèvres
Barthélémy Toguo à Sèvres

Les lignes ondulent comme autant d’organismes monocellulaires mais il y aussi de grandes chauve-souris, des chiroptères, qui peuvent être des porteurs sains du virus Ebola. Et puis sur un grand nombre de vases, l’autoportrait de l’artiste, non pas comme une image narcissique, mais au contraire, comme l’expression de la solidarité avec le combat contre le mal.

Barthélémy Toguo est né en 1967 à M’Balmayo au Cameroun. Il s’est d’abord formé à l’art à l’école des Beaux-Arts d’Abidjan. En 1993, il est entré à l’école supérieure d’Art de Grenoble, puis en 1998, à la Kunstacademie de Düsseldorf. Il expose depuis une quinzaine d’années, d’abord en France, en Allemagne et en Afrique et maintenant dans le monde entier. On se souvient de sa participation à Notre Histoire en 2006 au palais de Tokyo ou à l’exposition du cabinet des arts graphiques du Centre Pompidou, en 2077, intitulée de Schwitters à Toguo. En 2004, il a créé une fondation au Cameroun, Bandjoun Station pour aider les jeunes artistes africains et contribuer au développement local. Il est actuellement soutenu par la galerie Lelong. En 2015, il a travaillé à la manufacture de Sèvres en décorant des vases conçus par Pierre Charpin.

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Commentaire de Bernard Bachelier | 05.11.2016

Chic, On débat !!! Merci Michel de ce commentaire qui exprime un avis surement partagé par nombre d'amateurs de céramique. Mais ce qui est gênant dans ce point de vue, c'est qu'il donne l'impression d'exclure certains artistes de la création céramique et de ce fait, il renforce a contrario, les cloisonnements contre lesquels on voudrait lutter. D'autant qu'il s'appuie sur un argument contestable qui serait que seul un artiste assurant l'ensemble de sa production aurait le droit au titre de céramiste. Les ateliers de potiers, les ateliers de céramistes, dans les villages de potiers comme à Vallauris ont longtemps pratiqué la séparation des taches, tournage, décor, cuisson. Si on devait appliquer le principe du travail solitaire, on exclurait bon nombre de productions que nous collectionnons comme céramiques sans problème. Et même Bernard Palissy, qui travaillait à l'atelier des Tuileries avec ses fils et ses gendres, on ne sait pas ce qu'il faisait lui même.
S'agissant de Toguo, il recourt à la céramique pour ses qualités, le contenant, le rapport à l'usage, la symbolique humaine, le contraste entre la fragilité et la pérennité du matériau. Ses caractéristiques n'auraient pas été apportées par un autre matériau. Il a recherché les formes et suivi leur réalisation. Le décor colle aux formes. Il s'agit donc bien de céramiques, d’œuvres céramiques, de créations céramiques. Le matériau n'est pas réservé aux studios potters. Toguo est plasticien. Beaucoup de céramistes d'aujourd'hui traite la terre en plasticien. Refuserions nous de regarder ses créations céramiques, parce qu'il est célèbre ?
Madeleine Odundo et Layson Oyekan sont de grands artistes et ce site leur a consacré un de ses premiers textes. Pourrions nous apprécier, sans a priori, les œuvres d'Odundo, d'Oyekan et de Toguo avec des sentiments, qu'il s'agisse d'émotion ou de compréhension, d'intensité, d’ouverture, d'envie d'aimer équivalentes ? Et le rêve ne serait il de les voir réunis au Centre Pompidou dans une exposition du genre des Magiciens de la Terre ou d'Africa Remix mais cette fois consacrée aux œuvres céramiques ?

Commentaire de michel Meynet | 04.11.2016

Cet artiste est un grand plasticien africain qui utilise la céramique comme support de décor ou de messages parfaitement honorables et plastiquement intéressants. Son portrait au travail à Sèvres illustre bien son statut, c'est un artiste décorateur, statut tout à fait honorable au demeurant mais , à mon avis ce n'est pas un céramiste c'est à dire un artiste qui assure la totalité du processus de création, depuis la conception de l'oeuvre jusqu'à sa réalisation finale, cuisson comprise. Le recours à des "praticiens" pour une ou plusieurs phases de l'exécution est typique de la production en séries propres aux manufactures qui vivent mal la fin de leur monopole de la production artistique céramique depuis la renaissance des studios potters disparus depuis Palissy. Barthélémy Toguo fait partie de la première génération post coloniale africaine d'expression française exploitant intelligemment la World culture et aidant sincèrement ses frères restés au pays avec sa fondation à Bandjoun. C'est un artiste plasticien à la mode que Sèvres et Pompidou honorent et c'est très bien pour lui mais à mon goût, ça n'a rien à voir avec la véritable céramique africaine que le British ou le V&A aiment montrer à Londres comme Odundo ou Oyékan.

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