Grès à la galerie Mercier & Associés
Jean-Philippe Mercier a sélectionné un ensemble exceptionnel d'oeuvres en grès brut, réalisées par des maitres de cet art comme Gustaphe Tiffoche ou Elisabeth Joulia. Il a aussi invité Anne Barrès et Nicole Giroud dont le travail s'est orienté, ensuite, dans d'autres directions. La plupart de ces pièces datent des années 60 et 70. Elles sont anciennes. Il est rare de voir une sélection d'une telle qualité. Nicole Giroud, en particulier, a sorti de ses réserves, des constuctions géométriques qui ont une cinquantaine d'années et un claustra modulaire ( 1968), impressionnant, datant de la période du mur vivant.
Il faut y aller.
Formes de grès
« Ce mâle de la porcelaine, cette matière noble que nul ne peut dominer s’il n’est un maître ouvrier » Jean Carriès
Tous les céramistes aujourd’hui présents illustrent les possibilités offertes par un même art : le grès, matériau d’apparence rugueuse et fruste, qui tourne le dos aux effets de belles matières, aux chatoiements des émaux, à une séduction immédiate.
Pour évoquer le grès, il nous faut mentionner les potiers de l’Extrême-Orient, ceux de la Chine, de la Corée et du Japon auxquels nos époques modernes doivent tant. Jean Carriès à la fin du XIXème siècle l’a bien compris. Parti d’une admiration profonde pour les grès japonais, il a su modeler cette terre pour en faire une « matière de l’étrange ».
Les régions productrices de grès sont riches d’un grand passé, que ce soit le Beauvaisis, la Nièvre, le Haut-Berry ou Guérande, la terre de Gustave Tiffoche. La tradition potière y est fortement ancrée depuis plusieurs siècles, comme en témoigne le village de potiers de La Borne situé entre Bourges et Sancerre. Ce creuset de talents où potiers et céramistes s’enracinent est connu pour sa terre à grès et sa cuisson au feu de bois. Dans les années 50 et 60, toute une nouvelle génération de céramistes issus pour la plupart des écoles d’art vont redonner des bases sculpturales à une tradition potière au bord de s’éteindre. Ce courant est mené par des pionniers comme Paul Beyer, Robert Deblander, Elisabeth Joulia, Jean et Jacqueline Lerat, Yves et Monique Mohy suivis aujourd’hui d’Hervé Rousseau qui sublime dans une gestuelle puissante la pérennité du grès. Chaleur, rugosité de l’épiderme, douceur et âpreté des courbes et des arêtes, abstraction des formes mais aussi évocation de silhouettes guident leurs recherches.
L'usage du grès, désigné autrefois comme « art d’accompagnement », s'applique également à l'architecture. Cette nouvelle pratique est inaugurée avec la politique du 1% ; les architectes invitent les artistes à participer à leurs projets : réalisations murales en céramique, sculptures, fontaines s’inscrivent désormais dans l’espace urbain. En France, des groupes se forment afin de promouvoir l’intégration des arts dans la ville : le centre d’études L’Oeuf est fondé en 1962, la revue Le Mur Vivant est initiée en 1966. Quelques figures emblématiques du milieu céramique élaborent des projets en liaison avec l’architecture : Pierre Digan conçoit tout un vocabulaire de formes géométriques qui captent l’ombre et la lumière dans un flux étudié. Chez Nicole Giroud, des recherches modulaires axées sur la répétition d’un seul élément en de multiples combinaisons président à la création de claustras façonnés en briques d'argile cuite dans la pure tradition du Moyen-Orient. Tandis qu’Anne Barrès cherche dans une autre direction avec ses tentures murales aux éléments répétitifs reliés par des cordages où dialoguent le dur et le mou. Toutes ces expériences autour du grès sont aujourd’hui réunies et présentées à la galerie Mercier&Associés.
Karine Lacquement
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Commentaire de Anne Malherbe | 11.01.2021
Bonjour,
Je me permets de vous écrire car je prépare un article pour le prochain numéro de la "Revue de la Céramique et du Verre" (n° de mars-avril), au sujet de la céramique et du 1% artistique. Dans ce cadre, j'aurais souhaité interroger Nicole Giroud mais je ne parviens pas à trouver ses coordonnées. Comme je constate que vous avez exposé son travail, je me demandais si vous aviez ses coordonnées et seriez susceptible de me les transmettre ?
En vous remerciant.
Bien cordialement,
Anne Malherbe