Vente de la Collection de Maurice Lambiotte
mercredi 23 avril à 11h, salle 5 à Drouot
Maurice Lambiotte est un grand collectionneur de céramique contemporaine.Il a donné une partie de sa collection au musée de Adrien Dubouché de Limoges- Cité de la Céramique. Il a consacré, à sa collection, un ouvrage (Céramique Contemporaine, Collection Maurice Lambiotte, éditions Norma 2007). Dans ce livre il explique, dans un texte passionnant, les raisons de son gout pour la céramique et sa conception de la collection. L'ouvrage est préfacé par Robert Deblander et comporte 16 fiches monographiques des céramistes rédigées par Carole Andréani, constituant ainsi un repertoires de la céramique contemporaine. Maurice Lambiotte a collectionné avec intelligence et passion. La vente du 23 avril prochain disperse une autre partie de sa collection. Elle mettra à la portée des collectionneurs, des pièces passées au filtre de son regard. (BB)
Vous trouverez ci desssous le texte de présentation du catalogue, rédigé par Anne Lajoix et le lien avec le catalogue.
Les collectionneurs se créent leur monde. Ils créent un petit univers autour d'eux, choisissent des signes précis à l'intérieur de la réalité et en font les habitants principaux de l'univers qu'ils créent.
Arnaldur Indridason (La cité des jarres, p.274, Le Seuil/Points, 2005).
Grand voyageur, auteur de deux romans [La Gouvernante anglaise, 1992, et Le Chemin de fer de Bagdad, 1998], le savant et éminent directeur de recherches en biologie cellulaire au CNRS, Maurice Lambiotte a trouvé le temps d’étendre son immense curiosité à d’autres champs d’investigation. Peut-être que ses observations sur l’infiniment petit l’avait préparé à interroger la « terre » -et sous toutes ses formes- puisqu’à sa collection de céramiques contemporaines, il a adjoint le projet d’une ferme modèle, exploitée pendant un temps…. On sait qu’une partie de sa collection est déposée au Musée national Adrien-Dubouché de Limoges, préservant l’intégrité du souvenir.
Je me souviens des inflexions harmoniques de sa voix lorsqu’il décrivait ses poulains et donc ses choix : Eric Astoul et Hervé Rousseau prédominent. Comme la céramique japonaise irrigue la création française de notre temps, nous voyons dans leurs sculptures en terre, bien des aspects qui rappellent les grès de Bizen qui ont été exposés au musée de Sèvres en 1997. « Ces objets utilitaires n’auraient pas suscité un tel engouement s’ils n’avaient aussi étroitement incarné les principes essentiels de la cérémonie du thé : le wabi, la beauté du dépouillement, et le sabi, la sérénité émanant d’une certaine désolation » [1] Ni couverte ni décor peint, relevant d’une esthétique qui réside dans la mise en valeur de l’argile nue, grâce à des variations de cuisson et à la qualité de la terre. A leur dépouillement et leur ascèse correspond leur force et leur modernité. Parfois, quelques glaçures à la cendre (Eisenioeffel, Joulia, Gabali, Gaudebert)
Trop curieux pour n’avoir pas été ouvert à quelques tentations émaillées (Champy, Deblander, Kjaersgaard), à la douceur des terres patinées et enfumées (Azaïs, Bayle, Bulliot...), aux aspects telluriques (Foubert, Seung-Ho Yang, Chagnard Prandi), aux mystères thermiques des raku (Virot, Vernis, Buthod-Garçon, Champy Schott, Marionneau, Praudel)
Maurice Lambiotte rapportait aussi des terres africaines, des vases relevant de la grande soeur céramique qu’est l’Asie, des carreaux médiévaux, des poteries populaires et régionales…C’est peu de dire combien leur accumulation, leur comparaison, leurs proximités tracent un portrait en creux de Maurice Lambiotte car « la terre c’est la chair ».
Nous avons choisi de proposer la collection de Maurice Lambiotte comme on le faisait au cours de la première moitié du XVIIIe siècle, en suite continue et sans numérotation, qui donne toutes leurs chance aux amateurs présents.
Anne Lajoix
[1] Setsuo Uenishi, « Les techniques des céramiques de Bizen et les variations de cuisson », Cordes de feu Mille ans de céramique japonaise à Bizen, 26 sept.-28 déc. 1997, Musée national de Céramique, Sèvres, RMN, Sanyô Shinbun, p.43-49
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