La FIAC est une des plus foires les prestigieuses, par sa localisation et par le cadre du Grand Palais qui l’héberge, une manifestation, qui, nous dit-on, a retrouvé son prestige. Son influence aussi par les moyens dont elle dispose pour atteindre les médias. La FIAC présente une image de la création artistique, une image instantanée, renouvelée chaque année, et surtout une image déterminée – déformée ?- par la fonction de foire, par définition, tournée vers le marché. La création artistique céramique y occupait une place tellement discrète, qu’il fallait être maniaque pour la voir. J’ai pourtant repéré une quinzaine d’artistes présentant des pièces en céramique. Et cette visite me conduit à m’interroger sur cette situation.
Le panorama présenté à la FIAC est la résultante d’un redoutable jeu à 4, d’abord, la création artistique, qui constitue l’offre, ensuite les choix des galeries pour présenter un projet recevable, puis le comité de sélection, soucieux de l’image de la foire et de son identité, enfin le goût de acheteurs, institutionnels et collectionneurs privés, et ce que les trois filtres précédents devinent de ce goût. De plus, la participation à la foire est couteuse, ce qui conduit les exposants à présenter des œuvres leur permettant de rentabiliser leur investissement. Toutefois, si une telle manifestation ne peut s’adresser à toutes les formes de création céramique, sans que cela lui retire l’intérêt que nous lui portons, l’éviction de la presque totalité des créations faisant appel à ce médium me parait un signe inquiétant au quel nous devrions réagir. Je propose que nous prenions le temps d’en discuter au cours de nos prochaines rencontres. Et je serais heureux que vous nous fassiez part de vos réactions sur cette question.
Je vous livre quelques images de ce que j’ai vu à la FIAC.
D’abord les maitres
Lucio Fontana ( 1899-1968), Crucifix 195, céramique polychrome ( galerie Karsten Greve)
Pablo Picasso (1881-1976), Tête d’homme 1956 terre cuite peinte
(galerie italienne Guillermo de Osma
qui présentait aussi une terre cuite de Fontana)
Un mur de Betty Woodman
Deux sculpteurs travaillant principalement la céramique
Rachel Kneebone, artiste anglaise née en 1977,
Shield V 2010 porcelaine,
à la galerie White Cube .
Johan Creten ( 1963) qui était présenté par la galerie Perrotin et par la galerie Almine Rech ( photo à gauche)
Le troisième groupe est constitué par des sculpteurs qui travaillent occasionnellement la céramique, mais néanmoins connus pour leur intérêt pour ce matériau
Rosemarie Trockel, , née en 1952, une des grandes artistes allemandes Bedtime 2008, céramique émaillée à la galerie Gladstone de New York.
Thomas Schütte, sculpteur allemand né en 1954 qui prépare en terre cuite la plupart de ses sculptures. Il commercialise ses travaux préparatoires, déjà trèes élaborés sous la dénomination de sketch. Ici un ceramic sketch daté du 15 mars 1999 et exposé par la Tucci Russo Studio pour l’art contemporain.
Enfin , sans être exhaustif, je voudrais signaler trois artistes californiens. Il semble, en effet, que la pratique de la céramique demeure vivante dans l’art contemporain californien, moins cloisonné que le nôtre.
Liz Larner ( 1960) vi Caesura 2013 présentée par la galerie californienne Regen Projects ( à droite).
Patrick Jackson jeune artiste californien conceptuel, présenté par François Ghebaly de Los Angelès (à gauche)
Parker Ito né en 1986, qui présentait une installation
où les pièces de céramique flottaient suspendues
à des chaines.
( à droite)
Bernard Bachelier