Come on baby, light my fire. Ariana, Genève, 02.11.2018-10.03.2019
Tribune de alain.cervantes@orange.fr | 09.03.2019
Come on baby, light my fire
Ariana, Genève, 02.11.2018-10.03.2019
J’ai enfin réussi à aller voir Come on baby, light my fire à l’Ariana de Genève. Comme vous le savez, derrière cet emprunt à un refrain de Jim Morrison se cache une exposition de céramique contemporaine, et pas de la moindre importance, puisque les deux commissaires Roswitha Schild et Hanspeter Dähler, ont sélectionné les oeuvres dans la collection de céramique contemporaine du Musée Ariana qui comprend 4 000 pièces.
Quels sont donc les artistes choisis ?
Dès l’entrée on repère des céramistes français : Camille Virot (1990) et Jean-François Fouilhoux (1997). Ils ne sont pas seuls : plus loin un beau « vase » de Claude Varlant (1991) et une pièce de Daphné Corregan. Les céladons sont aussi représentés par un Kayoo (1998) très fluide de Masamichi Yoshikawa. Les Japonais sont très présents avec une coupe au décor exubérant de Tomoko Nishimura (1995), un oribe vert de Ryoji Koie (1997), une pierre-livre de Takako Araki et l’émouvante Girl in a red strip dress (2009) d’Akio Takamori. Avec eux nous sortons des années 90 et glissons vers la sculpture et même la figuration puisque plusieurs pièces représentent des figures humaines, en pied ou en buste. La plus emblématique de ces figures est sans doute celle du lituanien Audrius Janusonis, qui sous un émail rouge crispé nous présente une vierge au déhanché gothique plongeant une paille en plastique dans une bouteille de Coca-Cola (2008). Il s’en faut que toutes les œuvres exposées soient aussi provocantes. Les grands classiques ou monstres sacrés, si l’on peut dire, sont bien sûr présents avec deux pièces imposantes (2002) de Betty Woodman, trois coupes sur socle (1975) de Hans Coper et trois vases (1983) de Lucie Rie. Les Britanniques ne sont pas en reste avec des œuvres de Colin Pearson (1982) ou de Gareth Mason (2009). La Suisse est représentée par Édouard Chappalaz (1979) pour les émaux, par Philippe Barde (2009) avec un grès moulé (dans les moules revisités de Bonifas) et par Müller -B (2013) avec des silhouettes de jarres coulées sur plaque ; sans oublier la Genevoise Aline Favre avec son Grand Sage (1989). Pour la couleur, deux artistes attirent l’attention : l’incontournable Australien Pippin Drysdale avec ses coupes aux dégradés de jaunes acides (2015) et le Canadien Steven Heinemann avec une terre cuite coulée en moule d’un bleu puissant et craquelé (2006). Un « cabezal » mi-tête mi-jarre à la couverte épaisse et vive comme une peinture à l’huile, de l’Espagnol Xavier Toubes, clôt la perspective des deux salles... J’en passe et j’en oublie.
Voici la liste complète, et alphabétique, des artistes exposés :
Takako Araki . Gordon Baldwin . Philippe Barde . Antje Brueggemann . Édouard Chapallaz . Hans Coper . Carmen Dionyse . Daphne Corregan . Wouter Dam . Gundi Dietz . Pippin Drysdale . Aline Favre . Michael Flynn . Jean-François Fouilhoux . Tony Franks . Brigitte Germann . Krista Grecco . Haguiko . Robert Harrison . Steven Heinemann . Ewen Henderson . Wayne Higby . Marnix Hoys . Audrius Janušonis . Ryoji Koie . Maria Teresa Kuczynska . Klaus Lehmann . Margrit Linck . Akihiro Maeta . Ville Jalmari Makinen . Manufacture Manuel Cipriano Gomes, dit o Mafra . Bodil Manz . Gareth Mason . Enric Mestre . Müller -b- . Herman Muys . Johannes Nagel . Tomoko Nishimura . Colin Pearson . Valda Podkalne . Lucie Rie . Imre Schrammel . Robert Sturm . Johan Tahon . Akio Takamori . Xavier Toubes . Claude Varlan . José Vermeersch . Camille Virot . Fritz Wehring . Betty Woodman . Masamichi Yoshikawa . Carlo Zauli .
Le musée Ariana nous offre donc ici un panorama riche et éclectique, à défaut d’être exhaustif, de 40 ans (1975-2015) de création céramique contemporaine. En lien avec l’autre exposition du moment consacrée à Gustave Revilliod (1817-1890) le fondateur du musée, deux thèmes ont visiblement orienté le choix des pièces : l’ouverture sur le monde et l’importance du mécénat. Sur les 4 000 pièces du fonds contemporain de l’Ariana, 3 000 sont des dons d’artistes ou de collectionneurs. Nombreuses sont les pièces de cette exposition données au Musée par Gisèle de Marignac en 2009.
Si vous n’avez pas vu l’exposition qui se termine le 10 mars, il vous reste la possibilité d’en télécharger les brochures sur le site suivant :
Ne cherchez pas à savoir où va la céramique contemporaine. Elle va dans toutes les directions que permet la plasticité de la terre et la fusion des émaux. Elle est un art foisonnant comme le feu qui l’anime. Comme on baby, light my fire…
Alain Cervantes, à Annecy-le-Vieux, le 9 mars 2019.
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