Première sortie du Club : une journée au Musée des Beaux Arts de Lyon :

le Club accueilli par Michel Meynet

Le samedi 4 mai 2013, une quinzaine d’adhérents du Club des Collectionneurs de Céramique se sont retrouvés à Lyon. Ce fut, eu quelque sorte, un baptême pour le Club, avec pour marraine, Sylvie Ramond conservatrice en chef et directrice du musée des Beaux Arts  qui nous a reçus dans ce qui est un des grands musées français, et pour parrain, Eric Moinet directeur du musée de Sèvres, Cité de la Céramique. L’une et l’autre nous ont fait bénéficier de leurs connaissances tout au long d’une journée passionnante.

La raison de cette visite était l’exposition « Métissages » qui présente les collections de Denise et Michel Meynet. Les Meynet qui font partie des fondateurs du Club, collectionnent avec gourmandise et avec amour. Ils donnent aussi avec générosité : 700 objets africains au musée des Confluences  et une cinquantaine de céramiques au musée des Beaux Arts. Cette exposition est un exceptionnel hommage rendu à leur regard et à leur disponibilité : un choix d’œuvres et des rapprochements formels que l’on doit au dialogue entre Salima Hellal, commissaire de l’exposition et les collectionneurs.  La scénographie subtile et intelligente de Martin Michel : une alternance de vitrines, qui soulignent sans gêner, de cloisons animées de caissons qui servent de reliquaires  ou d’étagères en relief. La présentation est en soi une composition artistique. C’est un objet d’art éphémère. C’est une raison de plus de visiter l’exposition.

Michel et Denise, en l’occurrence Michel surtout, présente l’exposition  comme un conteur car beaucoup de ces objets ont été choisis parce qu’ils racontent une histoire. Dans le passionnant catalogue que le musée a consacré à ces collections, Michel donne le sens de leur démarche : « ce que nous faisons relèvent des deux catégories. Le musée de Soi serait censé répondre à la question « qui sommes nous ? »- et il est vrai que cette question nous intéresse ! L’ensemble des objets qui nous entourent peut être considéré comme représentatif de notre personnalité… Le Musée des Autres existe aussi chez nous : il nous permet de voyager, il nous rappelle qu’il existe beaucoup de manières de voir ou de faire différentes des nôtres et souvent parfaitement acceptables, voire admirables. En fait, c’est un bon moyen de ne pas trop se croire supérieur aux autres – un des péchés mignons de notre époque ».

La collection et sa mise en scène donne aux céramiques une vie inédite. Quelle diversité : Camille Virot : 9 bols, un bol génèse et une maison ; une bouteille et un vase à pan coupé de Daniel de Montmollin ; deux coupes à la feuille d’or de Nagasawa Setsuko, deux formes d’Ursula Morley Price, l’une claire, l’autre sombre, comme un diptyque ; une composition de Gilles Suffren ; une tête de Daniel Pontoreau ; des ensembles de Bernard Dejonghe, très Art Minimal ;  une femme assise sans tête, madame Bayle par Pierre Bayle ; un vase au décor de peintre de Claude Varlan; une sculpture d’Elsa Alayse ; une pyramide de Linda Rosenus ; une roue de Bernard Thimonier ; une tulipe de Jean-Pierre Viot ; un ensemble  de porcelaines de Thérèse Lebrun ; un bol et un cornet de glace de Jean-François Burlard ;  des boites fleurs de Marie-Laure Gobat-Bouchat. Tout ceci côtoyant des séries inattendues comme les Be@rbricks de Denise ou les chalets souvenirs de Michel, des objets africains, du Street Art ou une empreinte de Raoul Ubac. Eric Moinet dit que l’exposition est « jubilatoire ». Elle donne envie d’aimer les objets. Chacun d’entre eux est une tranche de vie.

Après le déjeuner au restaurant du musée, à l’invitation de Sylvie Ramond, Eric Moinet nous présenta les principales collections céramiques du musée des Beaux Arts de Lyon, notamment la collection Raphaël Collin de céramique japonaise, les plats de Bernard Palissy, rares exemplaires d’œuvres attribués au maitre des « rustiques figulines », et les céramiques islamiques dont Lyon possède le plus bel ensemble en dehors de Paris et Ecouen. Raphaël Collin (1850-1916) était un peintre académique qui s’est intéressé au Japon. Le musée a fait l’acquisition de cette collection en 1917. Elle a été rassemblée au  tournant du siècle au moment où la découverte du Japon influença les artistes de l’Art Nouveau. Mais, elle est aussi en résonnance avec nos contemporains séduits par l’art de vivre et l’esthétique japonaise. Elle mérite une visite car peu de musée français sont en mesure de présenter un tel panorama.

Enfin, Sylvie Ramond nous fit les honneurs des collections de peinture du 20e siècle enrichies de la collection léguée par Jacqueline Delubac qui témoigne de la sûreté (un Picasso majeur) et de l’audace (2 Bacon puissants) de son jugement de collectionneuse et d’un bel  ensemble d’œuvres de Soulages.

 Bernard Bachelier